C’est à une sorte de rêve éveillé que nous convie secrètement Ingmar Bergman avec Les Fraises sauvages (1957), celui d’un vieux savant qui, le temps d’un voyage, se remémore quelques épisodes de sa vie, affrontant les souterrains lumineux de l’enfance comme les cruelles évidences qu’il a toujours fuies. Le film se déroule au présent mais se conjugue tout autant au passé, parfois même à l’imparfait, sans qu’aucun artifice ne souligne le passage de l’un à l’autre : que Bergman ait mêlé de façon aussi fluide le rêve à la réalité donne à ce film sur les songes et les mensonges de l’existence sa puissance et sa soudaine sérénité.
Entre réalité et imaginaire, L’Année dernière à Marienbad (1961) choisit, lui, l’entre-deux : on est prié de se laisser aller à la contemplation, à la rêverie, d’accepter de jouer à se perdre dans les dédales d’un décor majestueux qui semble hanté par sa propre mémoire, où les personnages n’ont ni nom, ni passé, ni avenir, abandonnés sur le lit de leurs incertitudes, univers obsessionnel où le temps est aboli, où le sens des mots et des images n’apparaît que par bribes, par rimes, comme les pièces d’un puzzle dont le motif se dérobe sans cesse. Y a-t-il eu au cinéma pouvoir plus hypnotique et fascinant que les travellings blancs sur ces jardins à la française ? « Un film ouvert à tous les mythes » selon les mots d’Alain Resnais, un absolu du cinéma qui compte autant d’interprétations que de spectateurs.
Le mystère de l’illusion cinématographique est aussi le sujet de La Rose pourpre du Caire de Woody Allen (1985), subtil jeu de miroirs où s’opposent spectacle et monde réel, la vie chatoyante du cinéma comme remède à la grisaille du monde. Ce « film dans le film », qui provoque le chaos à l’écran comme dans la salle, est une merveille d’intelligence et d’humour, qui se permet toutes les audaces, y compris celle de suspendre la marche du temps. Il a la précision économe du conte de Noël et dans les yeux émerveillés de Mia Farrow, qui attend son prince charmant, passent toute la grâce et la mélancolie des grands rêveurs de l’écran qui, sortilège du temps, aiment le cinéma plus que la vie.
Jacques Kermabon et Vincent Vatrican
vendredi 22 septembre 2023, 19 h
Grimaldi Forum
Précédé d’un court métrage et d’un instantané issu des collections
mardi 3 octobre 2023, 20 h
Théâtre des Variétés
Label « Film restauré »
En présence des partenaires de la restauration. En première partie, une archive issue des collections de l’Institut
mardi 17 octobre 2023, 20 h
Théâtre des Variétés
Précédé d’un court métrage et d’un instantané issu des collections
mardi 7 novembre 2023, 20 h
Théâtre des Variétés
Séance « Hommage à Colette »
en partenariat avec la Fondation Prince Pierre de Monaco et les Archives du Palais
mardi 14 novembre 2023, 20 h
Théâtre des Variétés
Précédé d’un court métrage et d’un instantané issu des collections
vendredi 17 novembre 2023, 20 h 30
Salle Garnier
Label « Jazz et cinéma »
en partenariat avec la Société des bains de mer
mardi 28 novembre 2023, 20 h
Théâtre des Variétés
Précédé d’un court métrage et d’un instantané issu des collections
jeudi 30 novembre 2023, 19 h
Théâtre des Variétés
En ouverture des rencontres Inédits, projection du film Pour ton mariage en présence du cinéaste
vendredi 1 décembre 2023, 19 h
Théâtre des Variétés
Petite histoire de la couleur dans le cinéma amateur racontée par François Ede.
samedi 2 décembre 2023, 19 h
Théâtre des Variétés
En clôture des rencontres Inédits, projection du film VHS Kahloucha.
dimanche 17 décembre 2023, 11 h
Grimaldi Forum
Label « Danse et cinéma » en partenariat avec les Ballets de Monte-Carlo
mardi 19 décembre 2023, 20 h
Théâtre des Variétés
Précédé d’un court métrage et d’un instantané issu des collections