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Sous les figues Erige Sehiri (2022)
vendredi 8 mars 2024 Théâtre des Variétés, 20 heures

Label « Cinéma et Méditerranée »
en partenariat avec les Rencontres Internationales Monaco et la Méditerranée
dans le cadre de son colloque « Jardins en Méditerranée » (en savoir plus)

En présence de la cinéaste

Au nord-ouest de la Tunisie, des jeunes femmes travaillent à la récolte des figues. Sous le regard des ouvrières plus âgées et des hommes, elles flirtent, se taquinent, se disputent. Au fil de la journée, le verger devient un théâtre d’émotions, où se jouent les rêves et les espoirs de chacune.

Taht el Karmouss – Tunisie, France, Suisse, Allemagne, Qatar, 2022, couleur, 92 min., vostf.
Réalisation : Erige Sehiri. Scénario : Erige Sehiri, Ghalya Lacroix, Peggy Hamann. Image : Frida Marzouk. Montage : Ghalya Lacroix, Hafedh Laaridhi, Malek Kammoun. Costumes : Nabila Cherif. Son : Aymen Laabidi, Yazid Chabbi, Jean-Guy Véran. Musique originale : Amine Bouhafa. Production : Henia Production, Maneki Films, Akka Films, In Good Company. Avec : Ameni Fdhili (Sana), Fide Fdhili (Fidé), Feten Fdhili (Melek), Samar Sifi (Mariem), Leila Ouhebi (Leila), Hneya ben Elhedi Sbahi (Hneya), Gaith Mendassi (Gaith), Abdelhak Mrabti (Abdou), Fedi ben Achour (Saber), Firas Amri (Firas).

Des regards qui se croisent et se jaugent sous les branches, tandis qu’une main soupèse une figue. Si elle est un peu verte, on la laisse, si elle est molle, on la cueille. Ce n’est pas un hasard si, en argot, la figue désigne le sexe féminin : l’amour est comme un fruit mûr à saisir dans le sensuel Sous les figues, premier long métrage de fiction de la documentariste tunisienne Erige Sehiri (…). C’est une question de tempo et la réalisatrice réussit particulièrement à tenir le rythme, ainsi que les différentes intrigues qui se nouent sous les figuiers le temps d’une journée de cueillette. (…) Le film séduit par son dispositif, économe et esthétique : des plans rapprochés dans les feuillages – rien que cela – captent des bribes de conversation, que le récit se charge ensuite de rendre intelligibles, et le « huis clos » en plein air montre une microsociété rurale dans ses tiraillements.
Clarisse Fabre, Le Monde, 7 décembre 2022.

Erige Sehiri

Né en 1982

D’un père électricien, d’une mère cheffe de cuisine dans un collège, Erige Sehiri naît aux Minguettes dans la banlieue de Lyon. Son baccalauréat en poche, elle veut partir aux États- Unis, fascinée par le cinéma qu’elle découvre à ses heures perdues. Là-bas, elle emprunte une autre voie, apprend l’anglais à San Francisco, étudie la finance à Montréal, vit de petits boulots, revient à la case départ, improvise un documentaire sur les femmes du quartier où elle a grandi, pour se reconvertir en journaliste. Lorsqu’éclate la révolution tunisienne en 2010, prélude aux « printemps arabes », elle s’installe à Tunis avec l’intention de couvrir les événements pour la télévision française. Son père lui demande de lui ouvrir un compte Facebook pour partager ses espoirs. Cette anecdote lui fournit la trame d’un court métrage (Le Facebook de mon père, 2012) qui lui permet de se former sur le tas au cinéma. C’est par le réseau des festivals que l’on découvre son premier documentaire, La Voie normale (2018, dont un court extrait figure dans Le Livre d’image de Godard, 2018) consacré à la ligne ferroviaire n° 1 qui relie Djedeida à Bizerte, fleuron de l’État tunisien à sa création, aujourd’hui vétuste, délaissée et dangereuse. Les cheminots y sont les acteurs et les témoins du difficile processus de transformation de la société. En dénonçant la corruption qui gangrène le pays, ce film mosaïque célèbre aussi la dignité de ceux qui témoignent : les voix normales sont celles des langues qui se délient. Présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2022, Sous les figues est un film radical par ses partis pris (tourné à une seule caméra, uniquement en extérieurs et en lumière naturelle) et charnel par sa mise en scène (une manière très directe d’inscrire les personnages dans le décor unique d’un verger où se déroule la récolte des figues). Ce lieu devient le théâtre d’un marivaudage très réussi, où les corps y sont tout autant érotisés que politisés, à mi-chemin entre Partie de campagne de Renoir (1946) et L’Esquive d’Abdellatif Kechiche (2003). C’est assez dire qu’on attend avec impatience le prochain film de cette cinéaste talentueuse.
Vincent Vatrican

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