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Le Pigeon Mario Monicelli (1958)
mardi 7 mai 2024 Théâtre des Variétés, 20 heures

Label « Cinéma d’Italie » en partenariat avec l’association Dante Alighieri

Séance animée par Jean A. Gili, spécialiste du cinéma italien

Une bande de petits malfrats haute en couleur. Cosimo, le cerveau, médite un gros coup, mais se fait arrêter pour un misérable vol de voiture. Pour le sortir de prison ses copains se mettent en quête du « pigeon » qui s’accusera du vol. Le brave Mario, orphelin affublé de trois mamans d’adoption et voleur malgré lui, Capannelle, l’ex-garçon d’écurie bolognais et éternel crève- la-faim, Ferribotte, ombrageux Sicilien qui protège l’honneur de sa sœur Carmela en l’enfermant à double tour et Tiberio, photographe qui, entre deux larcins, prépare la bouillie de bébé en l’absence de sa femme qui est sous les verrous, convainquent Beppe, un boxeur un peu sonné,
de se charger de cette mission.

I Soliti ignoti – Italie, 1958, noir et blanc, 111 min., vostf.
Réalisation : Mario Monicelli. Scénario : Mario Monicelli, Agenore Incrocci, Suso Cecchi D’Amico, Furio Scarpelli. Image : Gianni Di Venanzo. Son : Luigi Puri, Oscar Di Santo. Musique originale : Piero Umiliani. Décors : Vito Anzalone, Piero Gherardi. Costumes : Piero Gherardi. Montage : Adriana Novelli. Production : Lux Film, Vides Cinematografica. Avec : Marcello Mastroianni (le photographe Tiberio), Vittorio Gassman (Beppe), Totò (Dante Cruciani), Renato Salvatori (Mario Angeletti), Claudia Cardinale (Carmela), Carlo Pisacane (Capannelle), Tiberio Murgia (Ferribotte), Memmo Carotenuto (Cosimo), Carla Gravina (Nicoletta), Rossana Rory (Norma), Gina Rovere (Teresa, la femme de Tiberio), Mario De Simone (le brocanteur), Mario Feliciani (le juge).

Où le public retrouvait Mastroianni et Salvatori, transfuges d’un néoréalisme décoloré et découvrait Claudia Cardinale et un insoupçonnable Gassman comique, créé de toutes pièces par Monicelli, qui prend ici ses leçons du grand Totò, prince de la farce, transformé en oracle d’une petite pègre dérisoire. Un scénario signé des plus grands, plein de verve et d’entrain, des gags qui s’enchaînent à un rythme trépidant, des dialogues étincelants qui empruntent toutes les couleurs de la palette dialectale. Le Pigeon opère le grand bond en avant de la farce à la comédie, et met en place les ressorts de la future « comédie à l’italienne ». (…) Cette ballade des paumés en dit plus qu’il n’y paraît sur une Italie combinarde, qui se veut scientifique et moderne mais est vouée à l’empirisme et à l’improvisation.
Christian Depuyper, Dictionnaire mondial des films, Larousse, 2002, p. 616.

Mario Monicelli

1915 I 2010

Le 29 novembre 2010, Mario Monicelli défraie une dernière fois la chronique, en se jetant par la fenêtre de sa chambre d’hôpital, où il était soigné pour un cancer incurable, ultime bravade d’un homme trop épris de liberté pour attendre sagement sa dernière heure. Ce pied de nez à la vie, ses scénaristes et complices d’autrefois, Age et Scarpelli, auraient pu l’imaginer pour l’un des personnages de nigaud ou de fanfaron dont l’œuvre du cinéaste est remplie : ce peuple truculent qui a fait la gloire de la « comédie à l’italienne » chère à Risi, Comencini ou Scola. Monicelli en signe l’acte fondateur, en 1958, avec Le Pigeon, farce extrêmement drôle sur les déboires d’une bande de bras cassés de la banlieue romaine qui s’imagine dévaliser le coffre- fort d’un mont-de-piété. La présence du vieux « professeur » Totò, avec lequel Monicelli a tourné déjà huit films, donne au Pigeon un statut de film charnière de la comédie italienne : le cinéaste y révèle une nouvelle génération d’acteurs, dont Marcello Mastroianni, Claudia Cardinale et Vittorio Gassman. Usant de la fable, de la satire ou de la chronique, Mario Monicelli offre, pendant presque deux décennies, le rire et la dérision comme arme politique des sans-grades, une forme de révolte ancrée dans la culture et l’identité italiennes depuis la commedia dell’arte, de vigilance aussi face à l’évolution de la société et la tentation des extrêmes. Avec l’arrivée des années de plomb, l’humanisme lucide de Monicelli devient plus pessimiste et féroce, mais il garde tout de même, solidement chevillée au corps, la volonté de résister aux coups du sort. Comme si l’idée d’une belle « révolution » était pour lui toujours possible.
Vincent Vatrican

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