Depuis le conservatoire, ils ne s’étaient revus. Marcel Blanc est devenu un soliste illustre qui parcourt le monde entier. Pierre Belcroix s’est contenté d’être premier violon dans l’orchestre des concerts Colonne. C’est chez lui que se déroule la soirée de retrouvailles, dans son modeste pavillon de la banlieue parisienne. Marcel parle, mi-blasé, mi-romantique, de ses voyages parfois fastidieux, de ses amours multiples et souvent compliquées. Romaine, la jeune épouse de Pierre, Maniche pour lui, le boit des yeux. Elle-même est une pianiste prometteuse quoique novice ; elle demande l’insigne faveur de jouer avec le maître une sonate qu’ils apprécient tous les trois. Fine, maligne, elle s’arrange pour écarter son mari et transformer le rendez-vous en tête-à-tête privé. Piano, violon, c’est la sonate.
France • 1986 • Couleur • 112 min.
Réalisation : Alain Resnais. Scénario : Alain Resnais d’après l’œuvre d’Henri Bernstein. Image : Charlie Van Damme. Son : Henri Morelle. Musique originale : Philippe-Gérard. Décors : Jacques Saulnier, Philippe Turlure. Costumes : Catherine Leterrier. Montage : Albert Jurgenson. Production : MK2 Films, Films A2. Avec : Sabine Azéma (Romaine Belcroix), Fanny Ardant (Christiane Levesque), Pierre Arditi (Pierre Belcroix), André Dussollier (Marcel Blanc), Jacques Dacqmine (le docteur Rémy), Hubert Gignoux (le prêtre), Catherine Arditi (Yvonne).
Un rideau de scène. Ou plus exactement la peinture d’un rideau de scène. Et quelques comédiens qui entament une pièce avec cet air faussement naturel qui caractérise la conversation censément prise au vol. La situation est claire : Resnais filme une pièce de théâtre ; bien d’autres y sont passés avant lui, et des plus grands, la plupart du temps il est vrai par nécessité. Mais si pendant quelques minutes, ou peut s’interroger sur l’exercice de style choisi par Resnais, on oublie vite d’en surveiller le style, et de le considérer comme un exercice ! Mélo est un pur moment de cinéma, où dominent le plaisir de l’intrigue et la force du romanesque : c’est aussi un hommage aux comédiens comme il est peu donné d’en voir.
Vincent Amiel, Postif n° 307, septembre 1986, p. 5.
Un instantané « Monaco en films » issu des collections de l’Institut
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