Une nuit de 1840, un voyageur, qui cherche à se rendre à la maison Usher, trouve difficilement une voiture pour l’y conduire car cette demeure isolée passe pour être maudite. Son hôte et ami, Roderick Usher, vit seul dans ses lieux avec sa femme, à la santé fragile, dont il a entrepris de peindre le portrait. Chaque coup de pinceau sur la toile semble lui enlever un peu de vie.
France, 1928, noir et blanc, 66 min.
Réalisation : Jean Epstein. Scénario : Jean Epstein d’après les nouvelles La Chute de la maison Usher, Portrait ovale et Beatrix d’Edgar Allan Poe. Image : Georges Lucas, Jean Lucas. Décors : Pierre Kéfer. Costumes : Fernand Osché. Coordination des effets spéciaux : Ruggieri. Production : Les Films Jean Epstein. Avec : Marguerite Gance (Lady Madeline Usher), Jean Debucourt (Sir Roderick Usher), Charles Lamy (l’ami), Fournez-Goffard (le médecin), Luc Dartagnan (le domestique).
L’intrigue, ténue, attachante et morbide de Poe donne à Epstein, représentant économe et obstiné de l’avant-garde française des années 1920, l’occasion de créer un « espace-temps » dont l’envoûtement ne saurait rien devoir, selon le credo du cinéaste, aux habiletés, aux ruses du théâtre et du roman mais tout à la puissance spécifique et quasi mystique du cinéma. […] Le talent principal d’Epstein tient à une certaine sobriété, une certaine nudité dans le baroque et le délire. Les procédés qu’il emploie […] couronnent une pratique du cinéma reposant, pour l’essentiel, sur une utilisation maîtrisée, savante, épurée jusqu’à l’abstraction, des paysages naturels, des acteurs et des cadrages.
Jacques Lourcelles, Dictionnaire du cinéma. Les Films. Robert Laffont, Paris, 1992, p. 248.
Un court métrage :
La Villanelle des rubans de Jean Epstein (France, 1932, noir et blanc, 7 min.).
Une chanson filmée.
À l’appui de quelques courts métrages du cinéaste, Joël Daire expliquera comment Jean Epstein, ami de Blaise Cendrars, Fernand Léger et Abel Gance, a toujours affirmé l’autonomie du cinéma comme art et comme langage.