Au matin du 6 mai 1938, tout Rome s’apprête pour le grand défilé en l’honneur d’Hitler, venu renforcer son alliance avec Mussolini. Dans un immeuble-caserne d’un quartier populaire, Antonietta, une mère de famille exténuée par les tâches ménagères quotidiennes, fait la connaissance de Gabriele, un commentateur de radio, consigné par la police dans son appartement, parce qu’homosexuel.
Una giornata particolare, Italie, Canada, 1976, couleur, 105 min., vostf.
Réalisation : Ettore Scola. Scénario : Ettore Scola, Ruggero Maccari. Avec : Sophia Loren (Antonietta), Marcello Mastroianni (Gabriele), John Vernon (Emanuele), Françoise Berd (la concierge), Patrizia Basso (Romana).
Que Scola témoigne désormais d’une totale maîtrise formelle, Une journée particulière le prouve à l’envi, aussi bien dans l’utilisation à contre-emploi de deux vedettes aussi stéréotypées que Sophia Loren et Marcello Mastroianni, que dans la rigoureuse élégance d’une mise en scène sans complaisance ni effet facile qui fait définitivement oublier tout ce que le scénario […] pouvait avoir de théâtral. C’est de la réunion de ces qualités jusqu’ici éparses que naît un film exemplaire, quasi parfait, d’une très grande richesse tout à la fois formelle et thématique.
Gilles Cèbe, Écran n° 62, octobre 1977, p. 41.
Ettore Scola
1931 • 2016
C’est un mélange de satire et d’émotion, de pessimisme coloré, d’humour et de critique sociale, qui constitue le meilleur du cinéma de Scola, celui des années soixante-dix et quatre-vingt, un cinéma qui s’attache à dépeindre les rêves perdus des gens de sa génération, avec une touche émotionnelle que la comédie italienne ne possédait sans doute pas avant lui. Drame de la jalousie (1970), Nous nous sommes tant aimés (1974) ou La Terrasse (1980) peuvent être considérés, chacun à sa manière, comme des réussites incontestables, dans la mesure où cette alchimie y trouve son plus parfait équilibre et se double d’une réflexion profonde sur la société italienne, tout en s’interrogeant sur la place et l’avenir d’un cinéma populaire et critique, dont La Famille (1986) marque en quelque sorte l’enterrement du genre. Victime des mêmes désillusions que les personnages de ses films, Scola n’a jamais retrouvé ensuite le mordant et l’énergie pour renouveler son cinéma et saisir la réalité de ses contemporains.
Vincent Vatrican