La présentation de mon dernier livre sur Pasolini paru aux éditions Macula, qui tente d’embrasser toute l’œuvre, mais cherche aussi à éviter la synthèse ennuyeuse et le résumé encyclopédique, sera l’occasion d’une vue d’ensemble sur l’immense et multiple production artistique de Pasolini à travers quelques aperçus frappants, permettant d’ouvrir quelques fenêtres. Les deux courts métrages au programme forment en particulier deux incroyables balcons baroques avec vue sur l’œuvre, particulièrement pleins de pensée, de peinture, de joie cruelle et de rire à la fois obscène et métaphysique. Hervé Joubert-Laurencin
La Ricotta, un film de Pier Paolo Pasolini
Italie – 1963 – 35 min – VOSTF
Segment du film collectif RoGoPaG de Roberto Rossellini, Jean-Luc Godard, Pier Paolo Pasolini et Ugo Gregoretti
avec Orson Welles, Mario Cipriani, Vittorio La Paglia et Laura
Orson Welles, grandiose et ankylosé, calé dans son fauteuil de cinéaste, tournage en extérieurs, regarde le piteux journaliste venu aux nouvelles et, chaussant ses lunettes-miroirs, lui récite un des plus beaux poèmes de Pasolini : « Je suis une force du passé… » : inoubliable ! La ricotta, film génial sur la grande peinture et les petites mains du cinéma, sur la faim des indigents et la fin du monde, la foi en Jésus Christ selon le point de vue du bon larron et l’espérance révolutionnaire du côté de la mort des pauvres. Le plus beau film de Pasolini. H.J-L
La séance se terminera avec un film surprise de Pier Paolo Pasolini.
Pier Paolo Pasolini (1922-1975) eut la vie d’un artiste de tous les arts, une vie brève mais dense faite de révolte, de subversion de tous les conformismes, de dépassement de toutes les lâchetés communes. D’abord délicat poète dialectal, puis en langue italienne, successivement lyrique, élégiaque, engagé, déconstructeur, il devient romancier (très peu), scénariste à la mode avant 1960 (très recherché), cinéaste à quarante ans et expérimente en quinze ans toutes les formes possibles de cet art qui lui est aussi consubstantiel que la poésie.
H.J-L.
Hervé Joubert-Laurencin enseigne le cinéma à l’université de Paris Nanterre. Il est traducteur et spécialiste de Pasolini (Écrits sur le cinéma, 1987 et 2000, Pasolini. Portrait du poète en cinéaste, 1995, Porno Théo Kolossal, 2016, et récemment Le Grand Chant. Pasolini poète et cinéaste). Également historien de la critique de cinéma, il a dirigé en 2018 deux ouvrages, l’un sur Jean-Claude Biette, l’autre sur les Écrits complets d’André Bazin, deux signatures emblématiques des Cahiers du cinéma.
Droit d’entrée : 5€