Memoir of a Snail, Australie, 2024, couleur, 94 min., vostf.
Réalisation et scénario : Adam Elliot. Voix : Sarah Snook (Grace), Kodi Smit-McPhee (Gilbert), Eric Bana (James the Magistrate), Magda Szubanski (Ruth), Dominique Pinon (Percy), Tony Armstrong (Ken), Jacki Weaver (Pinky).
À la mort de son père, la vie heureuse et marginale de Grace Pudel, collectionneuse d’escargots et passionnée de lecture, vole en éclats. Arrachée à son frère jumeau Gilbert, elle atterrit dans une famille d’accueil à l’autre bout de l’Australie. Suspendue aux lettres de son frère, ignorée par ses tuteurs et harcelée par ses camarades de classe, Grace s’enfonce dans le désespoir. Jusqu’à la rencontre salvatrice avec Pinky, une octogénaire excentrique qui va lui apprendre à aimer la vie et à sortir de sa coquille.
Sur une musique doucement élégiaque de la compositrice Elena Kats-Chernin, se déploie un conte à la fois très réaliste et un peu hors du temps, rempli d’ogres miteux, d’enfants perdus et de princesses déglinguées. C’est une affaire de deuil, d’isolement et d’indicible chagrin […] mais aussi de puissance imaginaire et d’espoir. Le cinéaste est peut-être aussi lent qu’un colimaçon pour nous offrir ses chefs-d’œuvre (seulement deux films en quinze ans !), il n’en est pas moins fulgurant dans sa capacité à nous émouvoir et à rester, comme peu d’autres, dans nos « mémoires d’escargots ».
Cécile Mury, Télérama n°3914 du 15 janvier 2025.
Adam Elliot
Né en 1972
L’Oscar du meilleur court métrage d’animation pour Harvie Krumpet (2004) et le Cristal au Festival international du film d’animation d’Annecy pour ses deux longs métrages, Mary and Max (2009) et Mémoires d’un escargot (2024), donnent, parmi la centaine de prix remportés à travers le monde, une première idée de l’engouement que suscitent les fictions en pâte à modeler animées par Adam Elliot. Puisant son inspiration dans la vie de ses proches et de ses amis, ce cinéaste australien insuffle à ses marionnettes aux yeux globuleux une humanité à la fois tendre, cocasse et poignante, miroir à peine déformé de nos joies et des aléas de nos existences. Car ce qu’Elliot anime le mieux, entre rires et larmes, ce sont les sentiments, nos doutes, nos espoirs, nos illusions, les liens indéfectibles entre les êtres, le bonheur des rencontres. Avec un humour irrésistible, son cinéma ne questionne finalement rien d’autre que le sens de la vie.
Jacques Kermabon