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Le XXe siècle filmé en 9,5 mm en France et en Europe Films issus des membres de Inédits
jeudi 23 novembre 2023 Petite salle de l’Institut, 19 heures

Séance animée par Yvan Gastaut,
historien de l’époque contemporaine (XIX-XXèmes siècles), maître de conférences à l’Université Côte d’Azur, membre de la Maison des Sciences de l’Homme du Sud-Est.

En partenariat avec le réseau INEDITS, Films amateurs / Mémoire d’Europe

Inscrits dans une séquence chronologique qui court du milieu des années 1920 au milieu des années 1970, les vingt-deux films amateurs muets les vingt-deux films amateurs muets proposés ont une unité de production : ils ont été réalisés grâce à des caméras amateurs 9,5 mm dont la première, la Pathé-Baby, a été lancée sur le marché en 1923. Cette nouveauté technologique, facile à manier, ouvre de nouveaux horizons et permet la production d’images animées à des fins personnelles. D’emblée, ces films réalisés offrent des points de vue originaux sur « l’air du temps » de ce cœur du XXe siècle. Principalement français mais aussi européens, ces films et ces regards éclairent les évolutions politiques, sociologiques et culturelles sur quelques décennies.

Il est intéressant de contextualiser ces images tout en mesurant leurs apports ténus, parfois anodins, parfois spectaculaires, voire graves, autour des grands thèmes de l’époque. Cette heure d’archives inédites, d’origines très variées, explore de façon jubilatoire, des bribes d’un passé miraculeusement restitué grâce aux archives privées de celles et de ceux qui ont utilisé leur caméra 9,5 mm afin de saisir une tranche de vie, et grâce aux institutions qui les sauvegardent et les numérisent pour les partager aujourd’hui.
Yvan Gastaut

Programmes thématiques

  • Vie rurale, vie citadine (1925-1929) : Dans les années 1920, la vie paysanne est un inépuisable sujet de mise en image, mêlant regard ethnographique et nostalgie pour un monde en mutation, notamment pour les membres de la famille « partis à la ville » et qui y reviennent pour les vacances, munis de caméra. Les citadins filment aussi leurs loisirs. Ainsi, le voyage à Paris ou le bain de mer sont-ils des sujets « classiques » qu’il convient de saisir. Et, de manière plus « osée », certains se hasardent à filmer leurs baisers, voire leurs jeux érotiques en plein air.
  • Les années de guerre (1936-1945) : Après les grèves de 1936 au temps du Front populaire, c’est la guerre qui se profile. En 1938, un cinéaste filme l’entrée triomphale d’Hitler et des troupes allemandes dans Vienne au moment de l’Anschluss. Un an plus tard, un autre immortalise l’arrivée tragique de 500 000 réfugiés espagnols à la frontière des Pyrénées. Durant les années de guerre, certains cinéastes amateurs réussissent à saisir, parfois depuis leur fenêtre, quelques moments clés : en France, l’exode de juin 1940 et la libération de Paris en 1944, et au Luxembourg, la chasse aux « collabos » en 1945. Graves, ces films replongent les spectateurs d’aujourd’hui dans cette période.
  • Les débuts des Trente Glorieuses (1950-1960) : Dans l’Europe d’après-guerre, les caméras 9,5 mm se fixent sur d’autres sujets qui tournent résolument le dos aux tourments passés. C’est le temps d’une civilisation des loisirs qui émerge, celle du voyage de noces, du sport pour tous (y compris pour les ouvriers des mines) et du camping. Emblème de ces plaisirs populaires, la marque de pastis Ricard célébrée comme une ode à la convivialité. C’est aussi le temps de l’émergence de la jeunesse comme acteur social tant au service militaire, qu’en voyage organisé lors du festival de la jeunesse de Moscou.
  • Ailleurs et à venir : L’Algérie est une destination régulière, avant et après la décolonisation. En 1934, Raimu s’y rend depuis Marseille. En 1965, une famille française y séjourne et saisit l’évolution du pays. Mais l’avenir est inquiétant, la question de l’environnement frappe à la porte et en 1976, sa caméra au poing, un témoin nous emmène sur la scène de la marée noire provoquée par le naufrage de l’Olympic Bravery appartenant à l’armateur grec Aristote Onassis.

Les films projetés sont issus de la sélection 100 ans / 100 films opérée par un groupe de travail de l’association INÉDITS dont fait partie l’Institut audiovisuel de Monaco. Ils proviennent des collections des membres de ce réseau européen : Centre national de l’audiovisuel du Luxembourg, Mémoire des images réanimées d’Alsace, Lichtspiel (Suisse), Atelier Ad libitum, Cinéam – Mémoire filmique d’Île-de-France, Austrian Film Museum (Autriche), Image’Est, Cinémathèque de Bretagne, Cinémathèque de Toulouse, Cinémathèque de Nouvelle-Aquitaine, Home Movies (Italie), Cinémathèque des Pays de Savoie et de l’Ain, Ciné-Archives, Fonds audiovisuels de recherche, Cinémathèque de Saint-Étienne.