Jane B. par Agnès V., Les Glaneurs et la Glaneuse, Cinevardaphoto, Les Plages d’Agnès : comme l’attestent les titres de la plupart de ses films récents, Agnès Varda est devenue depuis 20 ans le personnage principal de son cinéma. Mais si Varda se met au centre de ses films ce n’est pas que par narcissisme. C’est aussi parce qu’avec elle, c’est le processus de fabrication du cinéma qui est passé au centre des films eux-mêmes.
France, 2006, couleur, 110 min.
Réalisation et scénario : Agnès Varda. Avec : Agnès Varda, Blaise Fournier, Andrée Vilar, Stéphane Vilar, Christophe Vilar, Rosalie Varda, Mathieu Demy.
Cet autoportrait est à la fois un résumé biographique et un patchwork de ses techniques esthétiques, usant de la photographie, de l’extrait de films, de l’installation et du dispositif via cadres, miroirs, trucages, bricolages, costumes, décors, parenthèses et digressions. […] Les larmes, que ce film enchanteur et émouvant fait ici et là monter aux yeux, signent son caractère universel. Agnès Varda a filmé une Autobiographie de tout le monde (pour reprendre le titre des Mémoires de Gertrude Stein). En même temps qu’un chant dévot pour le cinéma, qu’elle-même définit comme « une lumière retenue par des images ».
Jean-Luc Douin, Le Monde du 17 décembre 2008.
Agnès Varda
1928 • 2019
Si Agnès Varda donne le sentiment d’avoir vécu plusieurs vies, il serait plus juste de dire qu’elle a mené en parallèle plusieurs activités artistiques, certaines prenant le pas sur d’autres, selon les périodes. D’abord photographe, elle réalise, avant les premiers longs métrages de la Nouvelle Vague, une fiction en décor naturel, La Pointe courte (1954), première œuvre d’une filmographie qui compte une bonne cinquantaine de titres. Documentariste, elle oscille entre commandes (Du côté de la Côte, 1958) et essais personnels (Ulysse, 1982). Réactive à son temps, elle pose son regard sur les Black Panthers (1969), dessine une fresque féministe (L’une chante, l’autre pas, 1976), chronique le cinéma de Jacques Demy (Jacquot de Nantes, 1990). Les caméras légères lui offrent un nouveau souffle (Les Glaneurs et la Glaneuse, 1999). Avec gourmandise elle se met en scène, devient un personnage, signe une série documentaire pour Arte (Agnès de ci de là Varda, 2008) tout en multipliant des installations multimédias dans des musées d’art contemporain. L’exposition que la Cinémathèque française lui consacre en 2023 confirme combien l’œuvre d’Agnès Varda n’en finit pas d’essaimer.
Jacques Kermabon