« Voilà bien longtemps qu’on nous l’avait promise, et notre rêve enfin ce soir se réalise. »

Sacha Guitry salue par ces mots, extraits d’un superbe compliment filmé, l’arrivée de la jeune télévision monégasque Télé Monte-Carlo, que le prince Rainier III inaugure au lendemain de la Fête nationale 1954. La Principauté se dote ainsi des moyens techniques nécessaires à « cinématographier » son histoire, à affirmer sa souveraineté dans une sphère médiatique en pleine agitation.

Face à la toute-puissance de la Radiodiffusion Télévision Française, des chaînes privées et publiques, de langue française, naissent en Sarre, au Luxembourg, en Belgique, en Andorre, comme à Monaco. Les ondes dépassent les frontières naturelles de ces « petits pays » et grignotent peu à peu l’audience du voisin tricolore. Lancée en 1950, l’Union européenne de radio-télévision permet la retransmission en Eurovision de certains événements marquants, comme le mariage du prince Rainier III et de Grace Kelly, les 18 et 19 avril 1956.

Télé Monte-Carlo affiche dès lors ses ambitions. Dans une publicité de 1957, elle déclare vouloir produire  « ce fameux langage télévisé dont  parlent si souvent les esthètes de la TV et que personne n’a jamais bien défini. » Une nouvelle forme de télévision voit le jour, qui touche le plus grand nombre sans jamais sacrifier la qualité. Télé Monte-Carlo joue la carte de la proximité, de l’ancrage territorial, informe et divertit, alterne émission en studio et magazine « de plein air », préfère parfois l’audace du « direct » au reportage filmé, pour rester vivante et diverse. La chaîne avoue un penchant pour le cinéma, invite les vedettes du théâtre et de la scène devant ses caméras. Mais l’actualité sportive et les jeux télévisés restent l’apanage de ses programmes. En s’invitant dans les foyers, speakerines et animateurs deviennent les amis de la famille, les médiateurs d’une forme moderne de « gai savoir ».

Grâce au fonds d’images que Télé Monte-Carlo a confié à l’Institut pour sauvegarde, à des documents provenant d’institutions partenaires et à des prêts de particuliers, cette exposition évoque la formidable aventure des vingt premières années de cette chaîne, qui a rayonné sur toute la Riviera jusqu’à l’avènement de la couleur.

Estelle Macé et Vincent Vatrican

En partenariat avec TMC
Sources : Archives du Palais de Monaco, Bibliothèque nationale de France, Cinéam – Club image Monaco, Fonds Régional – Médiathèque de Monaco, Mission de préfiguration des archives nationales, Télé Monte-Carlo, Yvette Ardisson, Hélène et Sophie Bastien, Franck et Frédéric Bernascon, Gilbert Bianchi, André Soriano.

De Télé Monte-Carlo à TMC,
de l’invention de la télévision moderne à la couleur.

Comme les téléspectateurs d’autrefois, découvrez les émissions sportives, féminines, les magazines sur le cinéma, les actualités monégasques et princières, les jeux télévisés, mais aussi les publicités et les tournées estivales de la chaîne…