The Apartment, États-Unis, 1959, noir et blanc, 125 min., vostf.
Réalisation : Billy Wilder. Scénario : Billy Wilder, I.A.L. Diamond. Avec : Jack Lemmon (C.C. Bud Baxter), Shirley MacLaine (Fran Kubelik), Fred MacMurray (Jeff D. Sheldrake), Ray Walston (Joe Dobisch), Jack Kruschen (le docteur Dreyfuss), David Lewis (Al Kirkeby).
Bud Baxter est l’un des nombreux employés d’une grande compagnie d’assurances américaine. Il prête régulièrement son appartement à ses supérieurs hiérarchiques qui en font leur garçonnière et lui promettent de l’avancement. Un jour, Baxter est convoqué par le tout-puissant directeur du personnel qui lui déclare tout connaître de ce petit manège et lui demande la clé de l’appartement.
Tout s’achète et tout se vend. Tel est l’amer constat de cette comédie grinçante, curieux conte de Noël. Pareil propos était déjà tenu dans Le Gouffre aux chimères et Stalag 17 notamment, mais c’est la première fois, dans la filmographie de Billy Wilder, que le mercantilisme porte atteinte à l’amour, que l’argent et son corollaire, la réussite, achètent aussi l’amour de façon concrète et plus seulement fictive comme dans Certains l’aiment chaud.
Gilles Colpart, Billy Wilder, collection Filmo n° 4, Edilig, 1983, p. 89.
Billy Wilder
1906 • 2002
Connu pour sa verve satirique, à l’écran comme dans la vie, Billy Wilder est l’un des cinéastes les plus éclectiques parmi les grands noms du cinéma américain, aussi à l’aise dans le film noir (Assurance sur la mort, 1943) que dans le drame psychologique (Le Poison, 1945) ou la comédie sentimentale (Sabrina, 1953). Mais c’est dans la comédie qu’il s’illustre surtout, signant avec Charles Brackett de nombreux scénarios pour Mitchell Leisen, Ernst Lubitsch ou Howard Hawks, dans lesquels certains dialogues portent indéniablement sa griffe. La riche période Brackett-Wilder s’achève avec Boulevard du Crépuscule (1949), peinture magistrale de ce royaume des apparences qu’est Hollywood. À l’inverse d’un Frank Capra qui peint les hommes tels qu’ils devraient être, Billy Wilder les met en scène tels qu’ils sont. En ce sens certains de ces films peuvent se comparer aux comédies italiennes d’un Risi ou d’un Comencini. Pour Wilder, une image dissimule presque toujours une autre vérité, et c’est cette dualité appliquée aux personnages comme aux situations, qui fait le ressort comique et féroce de la plupart des films qu’il signe de Certains l’aiment chaud (1958) à Avanti ! (1972).
Vincent Vatrican