France, Belgique, République tchèque, 2015, couleur, 108 min.
Réalisation : Stéphanie Di Giusto. Scénario et dialogues : Stéphanie Di Giusto, Sarah Thibau, d’après l’ouvrage Loïe Fuller, danseuse de la Belle Époque de Giovanni Lista. Avec : Soko (Loïe Fuller), Gaspard Ulliel (Louis d’Orsay), Mélanie Thierry (Gabrielle Bloch), Lily-Rose Depp (Isadora Duncan), François Damiens (Édouard Marchand), Louis-Do de Lencquesaing (Armand), Amanda Plummer (Lily), Denis Ménochet (Ruben).
Loïe Fuller est née dans le grand Ouest américain. Rien ne destine cette fille de ferme à devenir la gloire des cabarets parisiens de la Belle Époque. Cachée sous des mètres de soie, les bras prolongés de longues baguettes en bois, elle réinvente son corps sur scène. Même si les efforts physiques doivent lui briser le dos, même si la puissance des éclairages doit lui brûler les yeux, elle ne cesse de perfectionner sa danse.
Cette biographie de Loïe Fuller a pour vertu première, et elle la doit beaucoup à Sako, de savoir figurer, sans craindre l’illustration, le surgissement de silhouette stupéfiante. De raconter par le menu l’idée, la mise au point du numéro, la machinerie, la construction laborieuse d’un effet scénique offert à la lumière et au souffle. […] Il y a un réel souci de célébrer cette extravagante beauté, et le film tient tant qu’il ne quitte pas son héroïne et suit patiemment le raffinement progressif du numéro, les ailes de plus en plus longues et lourdes auxquelles s’arrimait Loïe Fuller, les lumières de plus en plus teintées qu’elle utilisait.
Jean-Philipe Tessé, Cahiers du cinéma n° 726, octobre 2016, p. 42.
Stéphanie Di Giusto
Née en 1973
Autrice de clips et de publicités, photographe de plateau sur les films de Xavier Giannoli, passionnée par les métiers de l’image et les arts de la scène, Stéphanie Di Giusto trouve en Loïe Fuller – la « fée électricité » qui captiva le Tout-Paris de la Belle Époque avec sa danse serpentine – une héroïne et un destin à la mesure de ses débuts ambitieux au cinéma (La Danseuse, 2015). Ce qui la fascine dans la personnalité de cette femme rebelle et obstinée, c’est sa liberté, sa curiosité insatiable pour l’innovation et la performance. Même si elle s’écarte parfois de la vérité, la cinéaste parvient à rendre juste et sensible tout ce que la démarche de Loïe Fuller avait d’avant-gardiste, magnifiant son goût de la beauté, du mouvement et de la lumière. En s’inspirant librement de l’histoire vraie de la femme à barbe Clémentine Delait, qui défraya la chronique au début du XXe siècle, Stéphanie Di Giusto fait de cette nouvelle héroïne « hors normes » (Rosalie, 2022) l’icône d’un film assez académique contre l’ostracisme, en dépit de l’interprétation tout en nuances de son actrice principale.
Vincent Vatrican