Dans un palace de ville d’eaux allemande, au cours d’une soirée théâtrale, un homme rencontre une femme et s’efforce de la faire se souvenir, ou de la persuader qu’un an auparavant, à Marienbad, elle lui a promis de partir avec lui. Tantôt dans les salons de l’hôtel, tantôt dans le parc, tantôt dans la chambre de la jeune femme, il sera là, toujours insistant, persuasif, inquiétant. Et le film se déroule tantôt au présent, tantôt au passé, tantôt au futur, reprenant sans cesse le débat de l’héroïne qui lutte contre un souvenir dont elle n’est pas sûre, ou dont elle ne veut pas, ou qu’elle souhaite ; tantôt l’acceptant, tantôt le repoussant, tantôt le désirant. © Les fiches du cinéma 2001.
France, Italie, 1961, noir et blanc, 93 min.
Réalisateur : Alain Resnais. Scénario et dialogues : Alain Robbe-Grillet. Image : Sacha Vierny. Son : Guy Villette, Jean-Claude Marchetti. Musique originale : Francis Seyrig. Décors : Jacques Saulnier. Costumes : Bernard Evein, Chanel pour Delphine Seyrig. Montage : Henri Colpi, Jasmine Chasney. Production : Terra Film, Société Nouvelle des Films Cormoran, Précitel, Como-Films, Argos Films, Les Films Tamara, Cinétel, Silver Films, Cineriz. Avec : Giorgio Albertazzi (l’inconnu), Delphine Seyrig (la femme), Sacha Pitoëff (l’autre homme), Pierre Barbaud (un personnage de l’hôtel), Françoise Bertin (un personnage de l’hôtel), Wilhelm von Deek (un personnage de l’hôtel), Luce Garcia-Ville (un personnage de l’hôtel), Héléna Kornel (un personnage de l’hôtel).
« Marienbad, a dit Alain Resnais, est un fim qui a besoin du spectateur. Vous devez le créer vous-mêmes. » Ce n’est pas une boutade ou une coquetterie. Jamais, malgré les apparences, un film n’a été aussi loin de la définition que les imbéciles donnent du cinéma : une nourriture que l’on vous tend toute mâchée. Jamais un film n’a eu autant besoin de l’entière, de l’ardente participation du spectateur. Jamais la passivité n’aura été plus criminelle que devant ce film. C’est une œuvre d’une totale, d’une absolue, d’une inépuisable disponibilité. Vous pouvez y voir, y découvrir, y apporter même, tout ce que vous voulez. Le film est ce que vous êtes. Pas d’accord possible, pas de convergence réalisable : il y a autant de Marienbad que de spectateurs.
Marcel Martin, Cinéma n° 61, novembre 1961, p. 17.
Un instantané « Monaco en films » issu des collections de l’Institut et un court métrage :
Toute la mémoire du monde d’Alain Resnais (France, 1956, noir et blanc, 21 min.)
La caméra a franchi le seuil interdit de la Bibliothèque nationale de France et pris pour la première fois l’image de ce labyrinthe parsemé de trésors, de machines et de laboratoires.