L’Institut invite cette institution consœur à présenter son histoire et ses collections à travers une séance de projections de films.
Fondée en 1964 par Raymond Borde, la Cinémathèque de Toulouse conserve dans son Centre de conservation et de recherche, situé dans la banlieue proche de Toulouse, plus de 57 000 copies argentiques, 100 000 affiches (première collection d’affiches de cinéma en France) et 500 000 photos de cinéma. Ses collections sont le fruit d’acquisitions qui ont démarré dans les années 1950 auprès offices du cinéma éducateur aux organismes de cinéma itinérant et se sont progressivement enrichies grâce aux dépôts et aux dons de distributeurs, producteurs, réalisateurs, collectionneurs et cinéastes amateurs.
La Cinémathèque propose, pour rendre compte de l’étendue et la diversité de ses fonds, de découvrir un long métrage russe de la période de la perestroïka, inédit en France, ainsi qu’un court métrage puisé dans son catalogue.
Oloron actualités : Sortie des ateliers Bedat, Laulhère, Carçabal de François Gannel-Moussay (France, 1912, 2 min.)
Un film qui rassemble de façon étonnante à une vue Lumière. Les ouvriers et ouvrières des ateliers de Bedat, Laulhère et Carçabal, sortent de la manufacture de sandales pour rejoindre leurs foyers. L’ambiance joyeuse au sein de cette foule de travailleurs semble particulièrement motivée par la présence de l’opérateur et de sa caméra. Le filmeur était propriétaire et exploitant d’une salle de cinéma à Oloron Sainte-Marie ; équipé d’un appareil 35 mm, il tournait des actualités locales (tour de France cycliste, fêtes religieuses, civiles et scolaires ou encore obsèques) pour attirer dans son établissement les habitants de sa ville, qui venaient se voir et revoir sur grand écran..
Nicotine de Evgueni Ivanov (Russie, 1993, 67 min., vostf)
Nicotine est le premier long-métrage d’Evgueni Ivanov, réalisateur appartenant à la génération des cinéastes russes qui vécurent la perestroïka et la dissolution de l’URSS. Son héros est jeune, rebelle sans raison apparente, vivant à un rythme intérieur effréné et se consumant du jour au lendemain. Hommage à Saint Petersbourg, ville d’artistes et d’esthètes, et au cinéma français qu’à cette époque circulait en Russie de façon souterraine, Nicotine est un remake explicite d’À bout de souffle de Jean-Luc Godard : un voyou rencontre une fille, qui à la fin le trahit. Les auteurs empruntent savamment l’esthétique de la Nouvelle Vague pour aboutir à un film plein de noirceur, produit d’un contexte historique et politique extrêmement éloigné de celui de la France des années 1960. Avec la complicité à l’image et au son de la « scène underground » de l’ex-Leningrad, le scénariste, Sergueï Dobrotvorski, écorché vif et romantique échevelé, répondait à une simple question : ce serait quoi, aujourd’hui en 1993, à Saint-Pétersbourg, l’histoire d’À bout de souffle ? La Cinémathèque de Toulouse négocia directement avec le producteur du film l’achat d’une copie, qui est aujourd’hui unique hors des frontières de la Russie.