logo
All We Imagine as Light Payal Kapadia (2024)
mardi 18 novembre 2025, 19 h Théâtre des Variétés

Cinéma d’aujourd’hui

En première partie, un court métrage et un instantané issu des collections de l’Institut.

Inde, France, Luxembourg, Pays-Bas, Italie, 2024, couleur, 115min., vostf.
Réalisation et scénario : Payal Kapadia. Avec : Kani Kusruti (Prabha), Divya Prabha (Anu), Chhaya Kadam (Parvaty), Hridhu Haroon (Shiaz), Azees Nedumangad (Dr Manoj).

Sans nouvelles de son mari depuis des années, Prabha, infirmière à Mumbai, s’interdit toute vie sentimentale. De son côté, Anu, sa jeune colocataire, fréquente en cachette un jeune homme qu’elle n’a pas le droit d’aimer. Lors d’un séjour dans un village côtier, ces deux femmes empêchées dans leurs désirs entrevoient enfin la promesse d’une liberté nouvelle.

All We Imagine as Light s’écoule autant qu’il brille des luminescences pâles (la lumière des portables dans la nuit), nous plongeant dans un bain sonore sophistiqué, embruns de la ville et immersion franche : le film est noyé de pluie. Il conte la dérive, insensiblement, des trois femmes solitaires vers une forme de délivrance, vers la mer réelle et le rêve qu’alors elle permet, l’étreinte charnelle ou le bouche-à-bouche, le miracle du plaisir, de la fable, abolissant en très beau point d’orgue cette forme d’inexistence de l’attente des femmes – titre d’un film aussi beau de Bergman.
Camille Nevers, Libération, 2 octobre 2024.

Payal Kapadia
Née en 1986

Dans Toute une nuit sans savoir, son premier long métrage sélectionné à la Quinzaine des cinéastes en 2021, qui entrelaçait savamment des archives des manifestations étudiantes de Delhi aux extraits du journal d’une jeune femme, oscillant entre déception amoureuse et révolte sociale, Payal Kapadia faisait preuve d’une grande sensibilité dans la conduite d’un récit hybride et chaotique où la force du mouvement collectif se heurtait aux peurs les plus intimes. Tout ce qui fait aujourd’hui la puissance d’All We Imagine as Light y était déjà en mouvement : noirceur du réel et promesse de liberté. En décrivant la vie trépidante et cosmopolite de Mumbai à travers les trajectoires croisées de trois femmes aux prises avec les obstacles et les contradictions d’une société minée par le patriarcat, Payal Kapadia transforme le désir et le besoin d’émancipation en quête politique. Et ce n’est pas le fruit du hasard si ce second film prend la nuit comme écrin naturel d’un renouveau des corps et des âmes, éclairés par toutes sortes de lueurs, signes de vie et d’espoir. Voilà un cinéma impressionniste qui n’est pas sans évoquer celui du grand magicien Weerasethakul.
Vincent Vatrican

ALLER PLUS LOIN